La profession juridique a une longue tradition de mentorat pour les nouveaux avocats qui cherchent à lancer leur carrière et, ces dernières années, elle a développé un soutien plus efficace pour les nouveaux juristes qui font la transition vers la pratique sans réseaux établis ou avantages similaires, tout en continuant à faire face à des obstacles systémiques à la réussite. Mais pour les avocats qui ont déjà franchi le pas et qui cherchent maintenant à améliorer leur expertise, à tracer de nouvelles voies et à accéder à des rôles de direction dans des arènes juridiques influentes, le soutien pour comprendre et accéder à ces occasions de niveau supérieur devient de plus en plus rare. Lorsque les carrières des avocats talentueux noirs, autochtones et racialisés ralentissent ou s’arrêtent, une profession qui dépend de la diversité pour représenter et servir le public de manière adéquate en est d’autant plus appauvrie — une menace que Charlene Theodore, présidente sortante de l’ABO, a décidé d’aborder avec une solution innovante : le programme d’accélération des carrières de l’ABO.
Une approche innovante de la diversité
En tant que présidente qui a consacré son mandat à se concentrer sur les manières de faire progresser l’égalité et l’inclusion porteuses de sens et mesurables dans la profession, sur le fait de rendre l’ambitieux réalisable, Me Theodore a imaginé un programme qui donnerait aux avocats autochtones et racialisés en début et en milieu de carrière les compétences et la formation dont ils et elles ont besoin pour faire progresser leur participation dans trois domaines émergents du droit : l’intelligence artificielle (IA), les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG), et la technologie financière, avec un accès aux leaders dans ces domaines, ainsi qu’aux équipes d’embauche et aux décideurs.
« En tant qu’ancienne présidente, je voulais démontrer qu’une approche innovante de la diversité, utilisée avec succès dans d’autres secteurs, pouvait avoir un impact dans le domaine juridique, explique Me Theodore. Les accélérateurs de carrière et les incubateurs ont eu un impact significatif dans les secteurs de la technologie et du capital-risque ; je savais que nous pourrions obtenir un résultat similaire dans la profession juridique. »
En tant que présidente de l’équipe d’innovation de l’ABO, il revenait à Me Theodore de nommer un « innovateur en résidence » pour donner vie à cette vision. Lorsqu’elle a annoncé que Mante Molepo, fondatrice et PDG de Mante Molepo Consulting, une société qui travaille avec des conseils d’administration et des cadres supérieurs pour faire progresser la diversité, l’égalité et l’inclusion dans la gouvernance, dirigerait le programme, Me Theodore a déclaré : « L’égalité, la diversité et l’inclusion sont au cœur du travail que nous effectuons chaque jour à l’ABO. Ce programme est le complément parfait de ce travail, et Mante est la personne idéale pour le diriger ».
Dix mois plus tard, après huit semaines intenses de formation continue, de développement des compétences, de mentorat et d’accompagnement, la cohorte inaugurale a achevé le programme, et les paroles de Me Theodore ont été confirmées. Mme Molepo a appliqué son expertise unique, son approche délibérée et son lien avec la mission du programme pour fournir une initiative de pointe de première classe qui a fait une réelle différence dans les carrières — et les vies — des participants et qui aura un impact sur la profession pour les années à venir.
« La représentation est importante », déclare Mme Molepo, qui s’est efforcée de trouver des professeurs, des conférenciers, des mentors et d’autres professionnels ayant des expériences similaires à celles des participants. « Lorsque les participants peuvent voir d’autres professionnels du droit autochtones, noirs ou racialisés dans ces rôles, il leur est plus facile de s’imaginer eux-mêmes dans ces rôles. »
Cette vérité est attestée par les « accélérateurs » eux-mêmes, dont trois témoignent de leur expérience ci-dessous.
Monique Brand : habilitée à « jouer un rôle dans l’élaboration de l’avenir de l’IA dans le domaine juridique ».
En tant qu’avocate noire canadienne, Monique Brand, l’une des 20 candidats sélectionnés cette année, a été attirée par le programme d’accélération de carrière de l’ABO parce qu’il correspondait à sa passion pour l’apprentissage continu, l’aiderait à développer de nouvelles compétences pour stimuler sa carrière et, peut-être plus important encore, lui permettrait d’appliquer tout ce qu’elle apprendrait pour aider les gens à résoudre les problèmes complexes ou difficiles auxquels ils font face dans leur vie quotidienne et pour apporter de grands changements dans les collectivités qu’elle sert.
Me Brand a été particulièrement intéressée par les idées sur l’IA et l’accent mis sur l’importance de comprendre les outils d’IA et leur application dans la pratique juridique dans le cadre de l’obligation éthique de l’avocat de fournir des services optimaux. « Plusieurs des intervenants ont abordé le fait que le rôle de l’IA dans le domaine juridique est un rôle de synergie, car il effectue notre travail et nous donne les moyens de fournir des résultats plus efficaces et efficients à nos clients, note-t-elle. Tout comme nous étudions avec diligence les précédents et les développements juridiques, nous devons également investir dans la compréhension des avancées de l’IA pour exploiter pleinement leur potentiel et garantir notre rôle en tant que professionnels du droit efficaces et responsables. »
Me Brand s’est dite « impressionnée par la capacité du programme d’accélération de carrière de l’ABO à offrir un réseau professionnel aussi diversifié ». Elle ajoute : « Pendant le programme, j’ai eu l’occasion de m’engager avec d’autres participants et d’entrer en contact avec des professionnels établis lors de réunions Zoom, de séminaires et d’événements de réseautage en personne. Ces multiples occasions de réseautage ont grandement contribué à mon développement personnel et professionnel. »
À l’avenir, elle prévoit de se tenir au courant des trois domaines de pratique juridique couverts par le programme. « J’ai également l’intention de poursuivre mes recherches afin de cerner les outils émergents qui pourraient révolutionner la manière dont les services juridiques sont fournis, ce qui me permettrait de jouer un rôle dans l’élaboration de l’avenir de l’IA dans le domaine juridique », explique-t-elle.
En tant que cheffe de file émergente dans le domaine du droit, elle considère que le réseau est tout aussi important que les connaissances qu’elle a acquises. « Le mentorat que j’ai reçu dans le cadre du programme d’accélération de carrière de l’ABO a non seulement renforcé mes connaissances techniques, mais a également suscité une passion pour l’accompagnement de la prochaine génération de professionnels du droit, révèle Me Brand. J’ai l’intention de rendre la pareille en devenant moi-même mentore, en partageant mes expériences et mes idées avec les avocats en herbe qui souhaitent explorer l’intersection du droit et de la technologie. »
Fiona Chan : « plus confiante quant à mon avenir au sein du Barreau canadien »
Fiona Chan est une avocate à mi-carrière — formée à l’étranger — qui subissait de nombreux refus en raison de ses origines étrangères lorsqu’elle a appris l’existence du programme d’accélération de carrière de l’ABO. « Je me suis inscrite au programme dans l’espoir d’entrer en contact avec des avocats qui partagent les mêmes idées et qui sont également en train de transformer leur carrière, ainsi qu’avec des leaders du courant dominant », explique-t-elle.
L’accès direct des participants aux dirigeants de tous les secteurs et de tous les milieux a aidé Me Chan à revoir ses objectifs.
L’un des moments forts pour Me Chan a été le déjeuner de l’accélérateur de carrière avec Charlene Theodore. « J’ai été très déçue d’entendre à plusieurs reprises que les politiques de diversité des cabinets d’avocats se concentraient uniquement sur le recrutement d’étudiants et négligeaient complètement l’importance de faciliter les mutations latérales des avocats qui n’avaient pas été formés dans leur système, explique Me Chan. J’ai été ravie d’apprendre que Charlene avait donné vie à ce programme d’accélération de carrière et qu’elle s’était engagée à créer davantage de canaux permettant aux avocats ayant débuté de manière non conventionnelle d’accéder aux domaines dans lesquels, traditionnellement, seuls les avocats formés par les grands cabinets pouvaient exercer. »
Comme Me Brand, Me Chan a trouvé l’aspect mentorat du programme le plus bénéfique, et s’est connectée avec un mentor en particulier qui l’a soutenue dans l’expansion de sa carrière et l’a mise en contact avec d’autres leaders de la technologie financière. Alors que ces relations s’enracinent, Me Chan continue de développer ses compétences en faisant du bénévolat pour un groupe industriel et en poursuivant une certification FinTech AML.
« Ce programme [d’accélérateur de carrière] a dissipé beaucoup de mythes sur la transition de carrière et m’a vraiment ouvert les yeux sur les options qui s’offrent à moi, explique Me Chan. Avant le programme, je ne savais pas comment intégrer mon expérience internationale. Après avoir participé aux séances de développement professionnel, je suis plus confiante quant à mon avenir au sein du Barreau canadien. »
Lisa-Marie Williams : une « avocate en forme de T » en devenir
Pour Lisa-Marie Williams, le programme n’était pas seulement une occasion unique d’acquérir une formation technique dans des domaines fascinants de la pratique juridique et de se transformer en « juriste en forme de T » avec une expertise dans ces trois domaines, mais aussi une occasion sans pareille d’étendre son réseau professionnel à des juristes ayant des antécédents et des intérêts similaires.
« J’ai été agréablement surprise de voir à quel point je me suis amusée et combien j’ai noué de liens importants », déclare Me Williams. « J’ai été heureuse de rencontrer tous les autres participants au programme, d’entendre leurs points de vue sur des questions pertinentes liées à l’IA, à l’ESG et à la technologie financière, et aussi d’apprendre à les connaître sur le plan personnel. »
Dans le cadre du programme, Me Williams a rencontré sa mentore, Nyranne Martin, cheffe du contentieux et de la gestion des risques à l’Hôpital d’Ottawa, une personne dont elle admire les réalisations professionnelles et dont le soutien s’est avéré inestimable. « Je suis reconnaissante à Mante Molepo, innovatrice en résidence de l’ABO et responsable du programme d’accélération de carrière, d’avoir fait preuve d’une grande perspicacité dans l’établissement des correspondances, explique Me Williams. Nyranne et moi avons passé notre temps dans le programme à développer une relation solide qui continuera à se développer et à évoluer à l’avenir. »
Cet avenir comprend la mise à profit des apprentissages, des compétences et des contacts qu’elle a acquis dans le cadre du programme. Lorsqu’on lui demande comment, Me Williams répond : « me présenter comme une partenaire commerciale stratégique dans les discussions avec mon employeur sur la gestion des risques numériques ; et approfondir ma compréhension de la relation entre le droit de la protection de la vie privée, la cybersécurité et l’IA par l’entremise de recherches personnelles ainsi que d’autres programmes de développement professionnel ».
Accueillir l’appel à l’accélération
Au vu des expériences de Monique Brand, de Fiona Chan et de Lisa-Marie Williams, il est clair que le programme d’accélération de carrière de l’ABO a non seulement ravivé la passion de l’apprentissage tout au long de la vie chez les futurs leaders noirs, autochtones et racialisés du droit, mais leur a également fourni un cadre pour alimenter des carrières d’impact et leur permettre de tracer de nouvelles voies sur un terrain en évolution rapide.
Selon Mme Molepo, le fait qu’ils aient réussi à relever le défi témoigne de la qualité, de la curiosité et de l’engagement de cette première cohorte d’accélérateurs. « J’ai adoré le fait qu’ils soient ouverts sur leurs expériences et qu’ils se soutiennent mutuellement, dit-elle. Ils n’ont pas eu peur de poser des questions, ce qui leur a permis d’apprendre des différents intervenants du programme… Il y avait une telle camaraderie entre eux et un véritable réseau de soutien, même si nous nous trouvions dans un environnement essentiellement virtuel. »
Elle est également reconnaissante de la générosité et de l’enthousiasme des membres de la collectivité juridique qui se sont portés volontaires pour intervenir en tant qu’orateurs, professeurs, mentors et accompagnateurs. « Même les avocats qui ne pouvaient pas participer en raison d’autres engagements m’ont aidée à trouver d’autres avocats pour participer », se souvient-elle.
Me Theodore est d’accord. « Mon mandat de présidente a été un appel à l’action, dit-elle. J’ai été fière de voir la profession répondre à l’appel et accélérer ses efforts de diversification. »
Le programme d’accélération de carrière de l’ABO a trouvé un écho profond auprès des avocats et continuera à avoir un effet d’entraînement, car chaque cohorte fait partie de la collectivité de soutien de la cohorte suivante, au même titre que les mentors. « Je me réjouis de voir grandir cette cohorte diversifiée, déclare Me Theodore, et je serai présente à la réunion des dix ans pour fêter l’événement ».