Stacey Hsu on side of mountain

Une avocate canadienne au Kirghizistan

  • 14 mars 2019
  • Stacey Hsu

Quand on m’a offert la chance de travailler au Kirghizistan, je savais que c’était une occasion unique. En plus d’appartenir à la culture nomade et d’avoir fait partie de l’ancienne route de la soie, le pays a attiré mon intérêt parce qu’il constitue la seule démocratie parlementaire de l’Asie centrale. 

Depuis quelques mois, dans le cadre du Programme international des jeunes juristes de l’Association du Barreau canadien appuyé par Affaires mondiales Canada, je vis et travaille ici, au Kirghizistan. Aussi connu sous le nom de République kirghize, ce pays enclavé a des frontières communes avec la Chine, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Tadjikistan. C’est un magnifique pays, dont la culture et les systèmes de droit et de gouvernement ont été fascinants à explorer.

Pendant encore quelques mois, je vais continuer de travailler à l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD), une organisation intergouvernementale basée à Rome et ayant des bureaux partout dans le monde. Elle se consacre à la promotion de la règle de droit en travaillant avec les gouvernements et les peuples et en renforçant les institutions. Le système judiciaire kirghize a été entravé par les influences politiques et la corruption. Il est maintenant en processus de modernisation, avec l’appui de l’OIDD. Nous travaillons en collaboration étroite avec le pouvoir judiciaire et la société sur un certain nombre de projets, y compris le Judicial Strengthening Program, dans lequel nous développons les capacités du système judiciaire, restaurons l’intégrité judiciaire et appuyons les réformes en vue de l’indépendance judiciaire et financière.

Moins d’une semaine après mon arrivée au Kirghizistan, j’ai été à la Cour suprême, où les juges recevaient une formation sur le nouveau Code criminel et le nouveau Code de procédure civile (qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2019). La formation est particulièrement importante parce que la plupart des juges ont été nommés récemment et ont moins de trois ans d’expérience. Contrairement aux juges canadiens, les juges kirghizes n’ont pas de sécurité d’emploi. Ces juges sont nommés pour des mandats de sept ans avec possibilité de prolongation selon différents facteurs. Le taux de roulement est donc élevé. De plus, ce n’est qu’en 2016 que les juges ont obtenu une sécurité financière digne de ce nom. 

Forte de mon expérience dans les litiges au Canada, je participe également à un projet sur la promotion et la facilitation de la médiation au Kirghizistan. La médiation, dans son sens moderne, est un concept neuf ici. Comme j’ai pris part à des centaines de médiations au Canada, j’ai assisté un médiateur international pour donner un cours spécialisé sur la médiation commerciale. Nous avons organisé une conférence de presse pour expliquer aux entreprises et au public ce qu’est la médiation et la façon dont on peut s’en servir. J’ai également assisté à un colloque à la Cour internationale d’arbitrage sur le 60e anniversaire de la Convention de l’ONU pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères. Je suis d’avis que la médiation est un excellent moyen de résoudre les différends dans une société qui reconstruit sa confiance envers le pouvoir judiciaire. 

En plus de travailler, j’ai fait de la randonnée dans les montagnes kirghizes, j’ai voyagé en Ouzbékistan sur la route de la soie, et j’ai mangé beaucoup de mets locaux (des nouilles étirées à la main, des viandes fraîches et n’importe quoi en version biologique ayant vécu en liberté !). Le week-end, je fréquente l’opéra et le ballet, de qualité internationale, ce qui est abordable grâce à des danseurs russes en tournée. 

J’espère continuer de travailler en droit du développement. Mais pour l’instant, le Kirghizistan est mon foyer. C’est un pays en transition, et avec cela vient l’occasion de contribuer à bâtir un système juridique robuste et durable. C’est là pour moi l’aspect le plus excitant et gratifiant de ma vie au Kirghizistan.

À propos de l’auteure

Stacey Hsu est une avocate canadienne qui travaille au Kirghizistan. Elle est membre élue du Conseil de l’ABO et du Comité de l’égalité de l’ABO. Vous pouvez continuer de suivre ses aventures sur le site http://staceyssilkroad.wixsite.com/blog ou sur Instagram : @staceyssilkroad.