photo of Samantha Peters beside logo for her enterprise, Black Femme Legal, with illustration of Samantha, web address and tagline promoting legal education, information, referrals and non-legal resources

L’avenir est à la fem, à la fem noire juriste !

  • 31 mai 2022
  • Tamara J. Sylvester

(Fem, prononcé « faime », est un terme non binaire, expansif en matière de genre, et queer.)

 

Le 4 mars 2008, le Parlement a adopté à l’unanimité la motion visant à reconnaître les contributions de la population noire canadienne et le mois de février comme le mois de l’histoire des Noirs. La motion a été introduite par le sénateur Donald Oliver, la première personne noire nommée au Sénat.

Cependant, une célébration des membres de la collectivité noire ne doit pas nécessairement se limiter à 28 jours, car la collectivité noire continuera à participer et à contribuer aux sociétés canadiennes de demain. D’où la naissance du mouvement Black Futures, un mouvement qui insiste pour que nous réimaginions l’idée du mois de l’histoire des Noirs et que nous mettions l’accent non plus sur l’histoire des Noirs, mais sur leur avenir. Ce changement d’orientation est important, car il nous oblige à redoubler d’efforts pour détruire les systèmes d’oppression qui font encore obstacle à l’avenir des Noirs dans la société canadienne — ces mêmes systèmes qui ont rendu nécessaire l’allocation de temps pour célébrer les personnes qu’ils oppriment. 

Il est largement admis que les membres de la collectivité noire continuent de souffrir d’un véritable manque d’accès à la justice. En effet, en 2018, lors d’un discours pour annoncer l’adoption par le Canada de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine de l’Assemblée générale des Nations unies, le premier ministre a reconnu que la relation entre les personnes noires et le système judiciaire canadien reste semée d’embûches.

Les défis auxquels la collectivité noire est confrontée en matière d’accès à la justice comprennent la participation à l’infrastructure juridique, en tant qu’avocats ou membres du pouvoir judiciaire. Vous vous souvenez peut-être qu’en décembre 2016, le Groupe de travail sur les défis des titulaires de permis racialisés du Barreau de l’Ontario, après quatre années de consultation et de recherche, a confirmé dans son rapport final que les personnes racialisées étaient confrontées à différents obstacles, et ce, tant à l’entrée qu’à l’avancement dans la profession juridique. Fait important, le rapport note également que les obstacles fondés sur la race sont souvent compliqués par d’autres expériences croisées de discrimination fondée sur l’identité de genre, l’expression de genre et l’orientation sexuelle, entre autres.

C’est dans ce contexte et sur la base des principes du mouvement Black Futures que j’ai décidé d’écrire un profil pour honorer et célébrer une avocate queer noire, qui excelle malgré la persistance de barrières fondées sur la race et le genre au sein de la profession juridique. Une personne qui ose se rebeller contre les traditions régnantes de la pratique juridique pour réimaginer un système, une pratique et une profession juridiques accessibles à la collectivité noire et queer. 

Permettez-moi de vous présenter Samantha Peters (elle/iel), l’une des candidates de cette année au prix commémoratif Heather McArthur pour jeunes juristes de l’Association du Barreau de l’Ontario. Samantha, qui s’identifie fièrement comme une fem noire queer, est membre des barreaux de l’Alberta et de l’Ontario depuis 2020. En peu de temps, elle a eu un impact palpable sur la profession juridique en raison de son approche novatrice et rebelle de la pratique du droit et de la façon apparemment intrépide dont elle navigue dans les marges que la société canadienne contemporaine impose à ses identités croisées. Elle a fait l’objet de nombreux articles et a reçu plusieurs distinctions, notamment une liste « top 100 » et un article de type « première personne noire à… ». En 2020, le Canada International Black Women Excellence Event (CIBWE) a désigné Samantha comme l’une des « 100 femmes noires du Canada à surveiller ». Elle a également été la toute première personne noire et la première fem noire queer à agir en tant que mentore en résidence à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Samantha a cocréé ce rôle pour apporter un soutien aux étudiants noirs en droit, soutien dont elle avait besoin, mais qui n’existait pas lorsqu’elle étudiait le droit.

Samantha a obtenu son doctorat en droit de l’Université d’Ottawa et a effectué ses stages bilingues dans un syndicat national à Ottawa. Elle est également titulaire d’un baccalauréat spécialisé, avec une double majeure en études sur l’équité et en sciences politiques et une mineure en français de l’Université de Toronto, ainsi que d’une maîtrise en sociologie et en études sur l’équité en éducation de l’Ontario Institute for Studies in Education (OISE) de l’Université de Toronto. 

Samantha envisage une pratique juridique qui se situe à l’intersection du droit, de l’éducation et de la politique, en mettant l’accent sur la défense des droits de la personne, la prévention de la violence sexuelle et sexiste et les droits des travailleurs et travailleuses. Lorsqu’on lui demande comment elle décrirait son style de pratique, elle répond : « J’aime pouvoir pratiquer le droit d’une manière qui ne me fait pas travailler en silo — je veux rester fermement ancrée dans la collectivité, être liée au droit d’une certaine façon et utiliser mon éducation et mes compétences juridiques d’une manière transformatrice et utile au changement systémique et à la mobilisation de la collectivité. »

Ainsi dit, ainsi fait ! Samantha a reconnu que la pratique du droit au sens traditionnel du terme causait souvent du tort à la collectivité noire queer. Elle s’est donc mise au défi de poser des questions importantes que la pratique traditionnelle du droit ne lui permettait pas d’aborder :

(1) Comment puis-je participer à une pratique du droit qui ne cause pas de préjudice, ou qui perturbe le préjudice, ou qui transforme le système juridique d’une manière qui cause moins de préjudices ? (2) Comment puis-je rendre la pratique du droit plus axée sur les sentiments, la collectivité et la compassion ? (3) Comment puis-je pratiquer le droit de manière à centrer les moyens de subsistance et les désirs des fems noires queers que je connais et que je soutiens, qui sont plus susceptibles de subir des violences sexuelles, des préjudices et de l’exploitation sur le lieu de travail en raison de leur existence en marge du binaire de genre hétéropatriarcal blanc ?

En cherchant à répondre à ces questions, Samantha a fondé Black Femme Legal, une « boîte à outils primée sur le lieu de travail pour les fems noires queers, les fems et les personnes de genre différent à travers le spectre 2SLGBTQI+ en Ontario qui ont besoin d’un soutien en milieu de travail ». L’initiative, financée par une subvention de la Fondation du droit de l’Ontario, a été conçue pour offrir à la collectivité queer noire des ressources susceptibles de soutenir ses membres « de manière holistique dans leur quête de guérison ». Par conséquent, la boîte à outils fournit des ressources juridiques et non juridiques. Les ressources juridiques comprennent, par exemple, des ateliers « Connaissez vos droits », des conseils pour naviguer dans le système juridique et des références à des cabinets d’avocats et des cliniques juridiques. Les ressources non juridiques, qui sont soigneusement vérifiées pour s’assurer qu’elles tiennent compte des traumatismes et qu’elles sont anti-oppressives, sont classées dans l’une des trois catégories suivantes : soutien communautaire, soutien en cas de crise et soutien à la guérison. Par exemple, les personnes peuvent accéder à des liens vers des services qui répondent principalement aux besoins de la collectivité noire, comme la Black Health Alliance, Brown Girls Yoga et Black Food Toronto.

Conscients que les personnes marginalisées, comme les fems noires et les autres membres de la collectivité queer noire, n’ont pas été en mesure de définir la justice selon leurs propres termes, Samantha et les cocréatrices de Black Femme Legal espèrent que l’initiative permettra non seulement d’améliorer l’accès à la justice pour la collectivité queer et trans noire, mais aussi de lui fournir le soutien et les outils nécessaires pour définir la justice pour elle-même.

À propos de la personne autrice

Tamara J. Sylvester (iel/ellui) est juriste et travaille au bureau des services des droits de la personne de l’Université métropolitaine de Toronto (anciennement Ryerson). En plus de mener des enquêtes sur les plaintes relatives aux droits de la personne et à la violence sexuelle à l’Université, iel offre de l’éducation et de la formation sur les politiques de l’Université en matière de droits de la personne et de violence sexuelle. Iel est également membre du comité exécutif de la SOGIC et contribue à la rédaction de la section SOGIC. Iel est également membre de l’exécutif de la SOGIC et responsable de la rédaction de la section SOGIC. Contactez Tamara à l’adresse tjsylvester@ryerson.ca.

Cet article a d’abord été publié sur la page Web des articles de la SOGIC de l’ABO.