Young woman assists older lady

Faire bonne contenance en étant à la fois avocat et proche aidant, durant la COVID et au-delà

  • 04 décembre 2020
  • Emily Sinkins

Les avocats évoluent dans un domaine exigeant, et la plupart peinent à atteindre un équilibre sain entre leurs vies personnelle et professionnelle. Être proche aidant pour un aîné ou une autre personne vulnérable, dépendante ou vivant avec un handicap ajoute de la complexité dans l’équation déjà délicate et intimidante que les avocats tentent de résoudre encore et encore au quotidien. Ajoutez une pandémie, et il n’est pas étonnant que les avocats qui sont aussi proches aidants cherchent de nouvelles stratégies pour protéger leur propre bien-être tout en répondant aux besoins d’autrui.

Les inquiétudes magnifiées du proche aidant dans un panorama modifié

Comme elle travaille avec des adultes, des aînés et leurs proches aidants pour les aider à s’y retrouver dans des questionnements liés au vieillissement et à la santé mentale, l’ergothérapeute consultante Nira Rittenberg, OT (Ontario) a constaté l’impact de la COVID sur ses clients. « Les problèmes préexistants ont été amplifiés et le paysage a changé, dit-elle. Beaucoup de gens sont coincés, en ce qui concerne leurs options. » Si, avant la pandémie, vous réfléchissiez à une résidence pour un parent âgé, il se peut que vous ressentiez maintenant de la méfiance. Si votre proche est en centre d’hébergement de longue durée, peut-être songez-vous maintenant à l’en faire sortir. Ces options ne sont ou ne semblent plus les mêmes, ce qui ajoute au stress des proches aidants.

Comme les gens sont plus souvent chez eux, les inquiétudes liées à la sécurité à la maison, comme les chutes, sont amplifiées, particulièrement lorsque les proches aidants ne sont pas en mesure d’avoir accès à leur proche de la même manière. Les visites en personne sont moins fréquentes, et il est plus difficile d’évaluer le fonctionnement d’un parent âgé. Le premier confinement provincial a eu lieu il y a neuf mois à peine, mais, comme le fait remarquer Mme Rittenberg, « dans la vie d’un octogénaire, cela peut représenter un changement important du fonctionnement… est-ce physique, est-ce cognitif, est-ce un peu des deux ? » Ou s’agit-il de vieillissement normal ? Cette incertitude mène de nombreux proches aidants à se demander comment ils peuvent respecter les lignes directrices relatives à la COVID sans commettre de négligence ni mettre leur proche en danger.

Mme Rittenberg, qui a pris la parole lors d’un programme récent du Forum des avocates sur les soins aux aînés présenté par le Réseau des parents et des proches aidants de l’ABO, a des conseils essentiels pour ceux qui ressentent que cette pression a des répercussions négatives sur leur propre santé.

Commencez par ce qui est possible et ne laissez pas la situation se dégrader

Déterminez d’abord ce que vous pouvez régler. Demandez-vous « ce que vous devez vraiment cibler », suggère Mme Rittenberg, et de là, déterminez « ce que vous pouvez faire, ce qui peut attendre et ce qui est essentiel ». Une fois ces besoins cernés, évaluez vos capacités — de manière réaliste. Les ressources peuvent être mises à rude épreuve, ou un soutien auparavant fiable devenir moins disponible — la dynamique est en évolution constante. « Faites preuve de compassion en ce qui concerne la réalité, sans vous torturer quant à des choses qui ne peuvent pas vraiment se produire. »

Ajoutez votre propre santé à liste des priorités

Nous avons tous besoin d’équilibre en matière d’autosanté, de productivité et de loisirs, et selon Mme Rittenberg, « l’attention que nous portons à notre propre bien-être est la première sacrifiée ». Il vous faut reconnaître que le temps que vous vous consacrez n’est pas superflu. Vous devez le prévoir à l’horaire et vous y tenir, qu’il s’agisse de faire une petite promenade, de chouchouter vos plantes vertes ou de voir un ami, comme vous le faites pour vos autres priorités. « Vous ne manqueriez pas une rencontre ZOOM avec un client parce que pour vous, elle est essentielle, fait remarquer Mme Rittenberg. Pourquoi alors nous permettons-nous de manquer quelque chose qui a probablement un effet plus durable ? » Si vous vous occupez d’un de vos parents, tenez compte de ce que votre mère ou votre père souhaite que vous fassiez, dit-elle. « Très souvent, la réponse est “ne pas me rendre au bout du rouleau” ».

Ne négligez pas votre propre santé physique

« À cause du stress, certains proches aidants finissent plus mal en point que la personne qu’ils accompagnent », explique Mme Rittenberg, qui fait remarquer les taux élevés de dépression et d’autres problèmes de santé mentale parmi les proches aidants, qui ne sont souvent pas jeunes, sans parler des stress physiques. Personne ne gagne si nous ignorons des signes de ce qui pourrait devenir un bien plus gros problème. « Tout ce que vous ignorez reviendra en lion si vous n’y portez pas attention », avertit-elle.

Ne vous culpabilisez pas

Lorsqu’il s’agit d’entrer en contact avec la personne dont vous vous occupez, dit Mme Rittenberg, « les gens pensent que c’est une question de quantité ; ce n’est pas le cas. C’est une question de qualité. »  Un appel de 7 minutes n’est pas moins positif que s’il avait duré 20 minutes, avance-t-elle, surtout pour les gens dont la mémoire est compromise et qui n’évaluent plus le temps de la même manière. Parfois, les proches aidants se sentent coupables à cause d’interactions plus courtes et plus fréquemment virtuelles. Pour la personne, cependant, simplement voir un visage aimé, que ce soit en personne ou sur un écran, pour un petit bonjour ou une conversation, peut faire toute la différence.  

Réunissez votre équipe… avec créativité

Formez une équipe, comme vous le feriez au travail, pour vous assurer que vous avez des personnes en place qui ont les connaissances et le soutien dont vous avez besoin. Faites preuve de créativité — regardez hors du cercle de soutien évident. Il se peut que vous ayez besoin d’un comptable ; si vous vous occupez de vos parents sans trop comprendre leurs finances, vous ne savez peut-être même pas quelles options de soins de longue durée vous pouvez envisager. « Parfois, il y a des gens dans votre monde qui peuvent vous aider, qui n’ont rien à voir avec la visite ou l’apport de nourriture », dit Mme Rittenberg, citant l’exemple de ses voisins âgés, chez qui le même postier, qui connaît le voisinage depuis des années, sonne chaque jour. « Il n’entre pas, il ne vient pas prendre le thé ni rien, mais c’est une interaction, dit-elle. De petites choses comme cela peuvent faire une différence énorme. »

Acceptez que ce qui fonctionne pour vous ne convienne pas aux autres et vice-versa

En ce qui concerne les soins dont vous ou quelqu’un qui compte sur vous avez besoin, Mme Rittenberg met en garde : « Ne comparez pas et ne contrastez pas — il n’y a pas de solution parfaite ».

Même s’ils sont bien intentionnés, les conseils d’autres personnes se trouvant dans des situations similaires, mais non équivalentes peuvent être inutiles ; vous devez trouver la meilleure solution pour vous, votre famille et la personne dont vous vous occupez. Certaines personnes vous diront que la « seule » solution est de prendre soin de votre proche à domicile. D’autres vous diront qu’une maison de soins est la solution idéale, mais que vous devez tenir compte de vos ressources et de vos besoins particuliers en matière de soins. « Recréer une maison de retraite chez soi n’est pas toujours la meilleure solution », affirme Mme Rittenberg. Il se peut même que ce ne soit pas ce que la personne dont vous vous occupez souhaite, et que cela ne vous fournisse pas à tous deux le temps de qualité que vous espériez.

De même, pour se réserver du temps pour soi-même, il n’existe pas de stratégie unique, aussi Mme Rittenberg conseille-t-elle de cibler ce dont on a besoin : « Parfois, la pratique d’une activité de loisir ou une pause est plus utile qu’un groupe de soutien ». Pour d’autres, parler à un intervenant leur permet de travailler en dépit de leurs soucis et de poursuivre leur journée. Certaines personnes adorent le yoga, alors que d’autres profiteront mieux d’une heure sur Netflix. Ce qui compte, c’est de trouver des activités qui vous procurent du plaisir, sans jugement, et de les pratiquer.
 

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Ressources additionnelles

Vous trouverez une liste de ressources utiles sur le site Web de Nira Rittenberg.

Réseautez avec d’autres avocats qui sont proches aidants par l’entremise du site Web du Réseau des parents et des proches aidants de l’ABO.