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La migration vers la médiation

  • 13 avril 2017
  • Mitchell Rose

J’avais d’abord intitulé cet article au sujet des avocats qui deviennent médiateurs La métamorphose de la médiation. Après tout, de nombreux avocats rêvent de se réveiller un jour ressuscités en papillons médiateurs qui volètent librement. Ils auront délaissé le cocon de l’exercice du droit pour aller pacifier le monde. J’allais citer le court roman de 1915 La Métamorphose, de Franz Kafka, qui était formé comme avocat.

Cependant, une métamorphose implique le changement d’un être inférieur (l’avocat) à un être supérieur (le médiateur). Ce n’est pas là une description juste ni exacte de l’une ou l’autre de mes deux professions. Elles sont toutes deux des vocations nobles, qui peuvent être aussi gratifiantes l’une que l’autre et, oserais-je même affirmer, aussi belles.

Et puis l’histoire de Kafka parle d’un homme qui se réveille un matin pour s’apercevoir qu’il s’est transformé en un énorme et dégoûtant cafard.

J’avais besoin d’un nouveau titre.

J’ai opté pour La migration vers la médiation, car l’une des définitions de la « migration » est de se déplacer d’un endroit à un autre pour le travail. J’utilise ici le mot « endroit » dans un sens non géographique (même si les médiateurs ont tendance à voyager). La plupart des migrations ne sont ni simples ni faciles. Elles exigent de travailler fort et exigent du temps, du dévouement, de l’incertitude, le dépassement d’obstacles et de la persévérance. Les allers-retours (entre deux professions, dans ce cas) font aussi partie intégrante de bien des migrations.

Les cafards, à ce que je sache, ne migrent pas.

Pourquoi les avocats migrent-ils vers l’exercice de la médiation? Certains se sentent appelés par la métaphore du papillon. Ils sont fatigués du train-train quotidien de l’avocat et cherchent à changer leur mode de vie. La médiation offre un rythme différent (non moins rapide), un degré de liberté et un accent sur « le positif ». Pour d’autres, la migration sera une deuxième ou une troisième carrière menant à la retraite ou une fois celle-ci prise.

Il est également attrayant de s’impliquer brièvement dans un dossier, en restant au-dessus de la mêlée. Avocat et médiateur à Toronto, Kumail Karimjee était l’un des conférenciers du programme de l’ABO sur la mise sur pied réussie d’une pratique de médiation, le 27 avril. Il apprécie que « comme médiateur, on fait souvent une apparition relativement brève, parfois juste une demi-journée, dans le cadre d’un différend qui peut sembler irrésoluble pour les parties. J’aime le caractère intense de cette intervention de courte durée. »

Selon moi, ces raisons sont toutes bonnes pour que les avocats migrent vers la médiation. Ma raison principale d’accepter des médiations au détriment de travail juridique est que j’adore être médiateur (même si j’aime encore être un avocat qui assiste à des médiations). La médiation est en harmonie avec mes valeurs et ma personnalité ainsi qu’avec la façon dont je préfère entrer en relation avec les gens.

Je suis également d’accord avec Me Karimjee, qui m’a dit que la médiation peut être une « expérience hautement enrichissante ». Je ressens personnellement une bien plus grande satisfaction quand je règle un dossier en tant que médiateur que quand j’ai gain de cause en cour comme plaideur.

Si vous songez à migrer vers la médiation, voici cinq conseils fondés sur mon expérience :

  • Apprenez : la formation en médiation est continue, coûteuse en temps et coûteuse tout court – comme l’est d’ailleurs la formation juridique. Demandez conseil à des médiateurs en exercice, en faisant un choix judicieux. N’oubliez pas la formation informelle : trouvez un mentor qui vous permettra de le suivre lors de ses médiations (sans frais, espérons-le). Essayez différents styles de médiation et types de différends. Cela peut aussi mener à du travail de recommandation ou à d’autres occasions d’exercer de nouvelles compétences.
     
  • Soyez visible : impliquez-vous au sein de la collectivité de la médiation. Adhérez à la Section des mécanismes extrajudiciaires de règlement des conflits (MRC) de l’ABO, assistez et participez aux programmes de formation professionnelle (comme le programme de l’ABO déjà mentionné) et aux événements de réseautage. Rencontrez des gens et soyez vu. Écrivez et soyez lu. Offrez votre temps bénévolement.
     
  • Obtenez l’agrément : l’ADR Institute of Ontario (ADRIO) décerne des titres professionnels comme celle de médiateur agréé (Méd.A.) et celle de médiateur breveté (Méd.B.), en plus d’offrir d’autres avantages.
     
  • Soyez réaliste : on dirait que tout le monde connaît un avocat devenu médiateur à temps plein qui a soudainement été inondé par des centaines de clients impatients lui offrant de payer rubis sur l’ongle. Pourtant, cela est très rare, et une pratique de médiation qui connaît du succès exige beaucoup de temps, d’effort, de marketing et de compétences pures. Pour la plupart, la migration se fait bien plus lentement, et le parcours n’est pas sans cahots. Soyez patient, faites preuve de persistance et de réalisme.
     
  • Soyez concentré, mais flexible : si la patience est une vertu, se concentrer vers un but l’est également. Si vous voulez vraiment devenir médiateur, alors demandez-vous si votre emploi vous aide ou s’il vous empêche de poursuivre votre objectif. Je n’étais pas prêt à abandonner le droit quand j’ai envisagé avec sérieux de bâtir mon offre en médiation. Il y a quelques années, cependant, j’ai volontairement changé ma pratique pour l’harmoniser à mes ambitions en médiation et à mes valeurs : je suis devenu conseiller en conciliation. Maintenant, que je sois avocat ou médiateur, ma règle est la même : toujours se mettre d’accord. Cela me procure aussi un horaire plus flexible, qui me permet plus facilement d’accepter un mandat de médiation quand il s’en présente un.

Si jamais vous délaissez l’exercice du droit à temps plein, vous pourrez devoir ou vouloir supplémenter votre revenu. De nombreux médiateurs jouent d’autres rôles enrichissants, par exemple comme enseignants, arbitres, accompagnateurs, enquêteurs en milieu de travail, et même avocats à temps partiel. Bien des médiateurs préfèrent exercer plus d’une profession.

Un deuxième emploi que je ne vous recommande pas, c’est celui d’exterminateur de cafards. Laissez ça aux professionnels!

A propos de l'auteur

Mitchell Rose est médiateur breveté, avocat et conseiller en conciliation chez Stancer, Gossin, Rose LLP à Toronto. On peut le joindre à l’adresse mrose@sgrllp.com. Les insectes ne le dérangent pas.

 

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