Une journée dans la vie d’une avocate en immigration

  • 13 avril 2017
  • Cathryn D. Sawicki

Chaque jour m’offrait une nouvelle perspective sur le monde – et c’est encore le cas.

Je parlais à ma meilleure amie au téléphone, et elle m’a demandé comment allait ma journée. Je lui ai dit que j’étais en cour parce que mon client s’était vu refuser un permis de travail au Canada, et nous contestions cette décision. 

Pourquoi lui ont-ils refusé son permis, à ton client? », a-t-elle demandé. 

J’ai nonchalamment expliqué que le gouvernement avait déterminé que mon client participait à la prolifération nucléaire, en particulier en ce qui concerne les armes de destruction massive (ADM) et « d’autres choses ». Je lui ai dit qu’il était très embarrassant, en plaidant une cause, qu’une partie de la preuve soit classée « Très secrète », car je ne suis pas dans le secret. Elle a ri et m’a dit à quel point mon monde lui semblait fou et éloigné du sien. Ses mots m’ont fait réfléchir. Pour moi, ce n’était rien de plus qu’une journée banale dans la vie d’une avocate en immigration.

Le droit de l’immigration s’occupe des parrainages des époux/conjoints, des transferts d’employés de sociétés, de demandes individuelles, d’étudiants, de réfugiés, de parrainages de parents, de demandes de citoyenneté, etc., mais il traite aussi de personnes qui ont des problèmes relatifs à la sécurité, au terrorisme, aux crimes de guerre, aux crimes contre l’humanité ou aux condamnations criminelles. 

Le droit de l’immigration est à la fois inspirant et démoralisant. Il nous offre un aperçu de la beauté de l’âme humaine, de ce qui unit le monde et des miracles qui découlent de la bonté pure de l’esprit humain. Il peut toutefois offrir une vision des actes les plus inhumains et horribles de notre espèce, dont certains s’impriment à jamais dans la mémoire.

Au début de ma carrière, j’ai pu aider des clients avec une vaste gamme de questions. 

Lors d’une « journée ordinaire », je pouvais rédiger un argument pour expliquer les raisons pour lesquelles un ancien membre des <<insérer ici le nom d’une agence d’espions˃˃ devrait obtenir une permission spéciale pour entrer au Canada pour voir son nouveau petit-enfant, assister à une consultation avec des clients et écouter un couple me raconter comment ils se sont rencontrés et sont devenus amoureux. 

Ma journée pouvait se conclure par une demande de permis de travail simple en vertu de l’ALÉNA pour une cliente heureuse de commencer son nouveau travail au Canada ou planifier mes arguments pour un examen des motifs de détention qui aurait lieu le lendemain. 

Chaque jour m’offrait une nouvelle perspective sur le monde – et c’est encore le cas.

Maintenant, mon travail est principalement axé sur l’immigration au Canada pour les sociétés et les services internationaux d’immigration d’affaires, mais mes collègues et moi acceptons aussi les clients individuels. 

Ma cliente était à l’hôpital, donnant naissance à son premier enfant et criant « Trouvez mon avocate! Trouvez mon avocate! Où est mon avocate? » Le médecin essayait de la calmer en la rassurant que tout ce qu’il faisait était dans les règles, mais elle continuait de crier. Ce que le médecin ignorait de ma cliente, c’est que j’avais offert de lui tenir la main et de la rassurer, puisqu’elle était seule au Canada en ce jour spécial. Quand je suis sortie de l’audience où j’étais, plusieurs messages vocaux d’une infirmière dans tous ses états m’attendaient sur mon cellulaire. Je suis arrivée à l’hôpital 20 minutes trop tard, mais à mon arrivée, tout le monde savait exactement vers quelle chambre envoyer « l’avocate ».

Mes journées sont encore très variées, et peuvent comprendre des choses comme des consultations avec des clients, des réunions d’entreprise de haut niveau, l’organisation d’un événement caritatif, de la recherche de jurisprudence, la planification d’une stratégie de mobilité pour une entreprise ou, simplement, la dégustation d’un morceau de gâteau avec un client qui vient de devenir citoyen canadien. 

À l’occasion, il m’est difficile de croire qu’après une décennie de travail en politique, j’ai fait l’acte de foi de devenir avocate. Je suis allée étudier en droit au jeune âge de 30 ans, avec mon sac à dos Obus Forme, prête pour ma prochaine aventure. Je n’avais jamais imaginé l’impact que peuvent avoir les avocats en immigration sur la vie de leurs clients – chaque jour. Je ne crois pas non plus que nous, les avocats en immigration, pouvions imaginer comment nos clients changeraient nos vies, et c’est ce qui fait que j’adore ce à quoi je consacre ma vie.

A propos de l'auteure

Cathryn D. Sawicki dirige l’équipe des services internationaux d’immigration d’affaires de PwC Canada.

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